Arrêt des soins-débranchement de respirateur


Une décision d’arrêt des soins-débranchement du respirateur d’une patiente hospitalisée est prise par les médecins de son service et vous vous interrogez sur la justesse d’un geste annoncé.

Ces questions sont légitimes, car aucune décision de ce genre ne doit être prise à la légère ni par une seule personne. Le cas de cette patiente a été étudié par le service et la décision prise a été annoncée. Il y a donc eu une certaine collégialité dans cette prise de décision. Cependant cela ne suffit pas pour garantir sa légitimité.

La première question que nous pouvons nous poser à la lecture de ces faits est la suivante :

Quelle est l’intention des médecins en débranchant cette femme ?

Sont-ils dans une démarche d’arrêt de traitements inutiles, voire disproportionnés, envers cette patiente qui ne peut plus rien attendre de la médecine. Si c’est le cas il faut suivre de près les conditions de retrait des traitements, et s’assurer qu’on ne la laisse pas mourir d’asphyxie.

Sont-ils au contraire dans une logique du « faire mourir »,  pour telle ou telle raison ? Dans cette hypothèse, on peut légitimement se révolter contre cette manière de faire car elle n’a rien à voir avec le « laisser mourir ». La première démarche est plutôt un geste de respect envers une personne en fin de vie. Il s’agit de reconnaître le moment où il n’y a plus de guérison possible, et où il faut cesser tout traitement agressif. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus rien à faire pour cette personne. En effet il reste des soins à donner, un accompagnement personnalisé et ajusté, des gestes et des paroles à offrir ou à permettre, etc.

La deuxième question importante que nous nous posons concerne l’état de conscience de cette patiente.

Est-elle capable de comprendre la portée d’un tel geste ? A-t-elle été consultée, informée ? Qu’en pense-t-elle ?

La demande émane-t-elle d’elle-même, ou peut-être d’un membre de sa famille? Un malade ventilé par trachéotomie a le droit d’exiger l’arrêt de cette ventilation. Ce droit est permis par la loi Léonetti. Cela ne veut pas dire que c’est obligatoire. La patiente est-elle en fin de vie ? si oui quelle évolution probable de son état peut-on envisager. Tire-t-elle des bénéfices de cette trachéotomie ? Est-elle bien soignée par ailleurs (état cutané, sécheresse bucale, etc), et bien prise en charge pour ses autres symptômes ?