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Comment accompagner un enfant en deuil ?

Un enfant en deuil c’est très différent d’un adulte en deuil. Propos recueillis lors d’une conférence de MM de Kergolay Soubrier, Auteur de « Tu n’es pas seul » , Sarment Editions du Jubilé

Que vit-il, quelles sont ses réactions ?
Plus l’enfant est petit plus le deuil est traumatique et va devoir être bien accompagné. Mais attention tout est rattrapable : si je me suis trompé dans l’accompagnement d’un enfant, je peux lui expliquer plus tard pourquoi je me suis trompé.
Un travail d’accompagnement doit durer, sur plusieurs années. En effet un deuil d’enfance est une bombe à retardement. On s’occupe de nombreuses blessures dans notre société (drogue, violences, maladie, inceste, viol,…), mais peu de celle là, surtout si le deuil est ancien de plus de six/huit mois. Or la douleur de la perte peut se réveiller des années après et un enfant devra un jour se replonger dans son histoire. Le mieux est de le faire avant de commencer sa vie d’adulte, mais pas tout seul.

Qu’est-ce qu’un enfant en deuil?

Même si on s’occupe bien de l’enfant au moment du deuil, le silence finit par s’installer après un deuil. Le parent restant a de nombreuses choses à faire et vit son propre deuil comme il peut. On prétend protéger l’enfant en s’installant dans le silence, mais le meilleur pour l’enfant est de solliciter sa parole.

– Un enfant en deuil est un handicapé affectif.
Le problème est que cet handicap ne se voit pas, et qu’il se voit de moins en moins dans la vie qui avance. Il est amputé du cœur. En effet l’enfant tout petit ne pleure pas puisqu’il ne comprend pas. Jusqu’à 7/8 ans, il n’a pas la notion du temps, donc ne comprend pas l’irréversibilité de la mort.

– La mort ce n’est pas naturel, l’enfant a une pensée opérante, et croit que sa pensée va ressusciter la personne.

– Il cherche un coupable et peut se sentir coupable. La mort est contagieuse et il pense que ça peut ré-arriver. Cette double idée de la culpabilité et de la contagion fait que l’enfant veut ménager le parent survivant. Dans les séquelles de deuil, il y a celle d’être trop attaché au parent restant.

– Particularité du deuil de l’enfant : le deuil est « tatoué » sur tout le corps de l’enfant. Un enfant est vraiment émotionnel et physique. il faut donc redescendre dans l’enfant que nous avons été, pour une thérapie. L’idéal est de faire une thérapie avant de faire un engagement de vie car une fois arrivé à l’âge adulte, il est  plus difficile de redescendre en enfance.

–  Le déni, qui aide à survivre, fait énormément souffrir quand il se déchire. Un enfant de 6/7 ans ne peut faire ce travail tout seul, la déchirure ressortira un jour lors d’une épreuve ( un autre deuil, la trahison d’ami, la perte d’un amoureux/se, une chose anodine…).

L’enfant ne verbalise pas, on le laisse à l’écart souvent. On lui dit après deux ans  » ça va maintenant c’est passé ».

L’enfant vit dans l’instant présent

Il ne pleure pas, il a des vagues de tristesse, des instantanés de tristesse. Ça passe du rire aux larmes, des jeux à la tristesse. Et il a des moments d’ « arrêt » que l’adulte qui l’entoure peut repérer.

– Réactions et ressenti : l’enfant en deuil est d’abord en grand désarroi, il est perturbé, ne parle pas, il « suit », mais se sent définitivement différent des autres enfants.

– C’est encore plus vrai pour un adolescent. Car personne ne lui reparle de ce deuil d’enfance. Or il le vit tous les jours. Il y a toujours du flou. On ne lui a pas toujours tout dit et il n’a pas pensé à poser des questions. La séquelle grave est que 20/30 ans après il va se sentir victime, d’une part de la non compréhension des autres, et d’autre part de leur non intérêt. Sa vie passe par là, il ne peut pas faire l’économie de cette mort qui fait partie de sa vie.

–  La peine de l’enfant est anesthésiée et lui vrille le cœur jusqu’à ce que la faille soit trop grande. Il faut aller vers la vie :  donc ne pas nier ce deuil, cette souffrance qui fait partie de moi, de ma vie. Quand le deuil est coincé il y a deux attitudes : soit la personne est introvertie, soit elle est rebelle et agressive. Mais cette rage intérieure, cette colère intérieure peut rester toute une vie, comme une fragilité réelle. Il faut vraiment faire une thérapie, et c’est plus facile quand on n’a que 15/20 ans à  rattraper.

– un chemin de deuil est il possible? oui mais c’est un travail de deuil qu’il faut entreprendre. Pour un adulte, il faut aller jusqu’au fond de sa peine, ça ne se fait pas en 5 minutes. Pour un enfant : qu’est-ce que ça signifie quand on n’a que quelques années de vie commune et pas de souvenirs? Jusqu’à 10/11 ans il ne reste à l’enfant que quelques flashs de la personne disparue. Il faut donc entretenir ses souvenirs. Qui va l’aider à préparer le terrain pour que ce travail de deuil soit possible un jour? Tout le monde : voisins, famille, parents, médecins, etc. Le parent restant a une place à part, très importante mais souvent il y a une gêne qui s’installe vis à vis de lui.

Quels sont les besoins de l’enfant ?

La société a évolué pour les rites funéraires et la présence de l’enfant lors de ces rites.

Michel Hanus, médecin psychiatre fondateur de l’association d’accompagnement du deuil « Vivre son deuil » incite à toujours dire 4 choses à l’enfant en deuil :
1. tu n’es pas responsable de cette mort,
2. ce n’est pas contagieux,
3. on va s’occuper de toi voilà ce qui va se passer,
4. la personne qui vient de mourir est vivante pour toi pour toujours et moi aussi je continuerai de te parler d’elle.

– Il faut toujours dire la vérité, l’enfant a toujours l’intuition de son histoire et si la vérité lui est dite il va pouvoir se reconstruire, alors que si on ne lui dit pas la vérité il s’en invente une autre ; de toute façon il va « savoir » car il écoute aux portes, et quelqu’un le lui dira d’une façon qui pourra être maladroite ou brutale.

–  Il est important de dire son propre chagrin à l’enfant pour qu’il ne s’imagine pas responsable du chagrin du parent restant.

– Montrer la personne morte. Accompagner l’enfant. Ne pas le laisser « choisir », trouver les bons mots pour le convaincre. De quel droit on empêche l’enfant qui veut y aller, de vivre sa vie? Il faut voir pour croire. C’est nous qui nous protégeons en ne voulant pas que l’enfant voit son parent.

– Faire participer l’enfant aux rites funéraires (apporter une lumière, un dessin ou une fleur par exemple).

– Le faire écrire et LUI écrire personnellement. Notamment ses amis, lui raconter un souvenir qu’on a de son parent disparu.

– Lui donner un cadre sécurisant, ne pas tout changer tout de suite. Lui donner un objet de son parent.

– Encourager l’enfant à exprimer ses émotions, ses sentiments, surtout quand il a l’air triste ou en colère : faire parler l’enfant, éviter le silence. Pas de la part du parent restant qui est ménagé par l’enfant.

Comment soutenir et accompagner cet enfant au cours des 10/20…. années suivantes?

– Avant de raconter la mort de quelqu’un il faut raconter sa vie

Présence attentive et active  : l’aider à exprimer ses émotions à chaque étape. Je suis ado, 8/10 ans après la mort de mon parent : comment je parle de mon beau-parent, et comment je parle avec mon parent restant de celui qui est absent? L’adolescent  est en décalage complet avec le parent restant qui regarde devant. Ce n’est pas lui qui peut faire ça, reparler de l’absent. Donc c’est aux autres de le faire : oncles et tantes, grands parents, amis… J’ai des photos, je sais de quoi elle est morte, mais…il y a toujours un silence, on ne me reparle plus jamais de lui ou elle. Décalage.

Pendant les 15 ans qui suivent le décès, il faut continuer à avoir une attitude active envers l’enfant : aller au devant de lui, l’avoir écrit noir sur blanc dans une lettre après la mort :par ailleurs je serai toujours disponible pour toi, pour parler de ton parent. Se souvenir de quelqu’un c’est se souvenir de quelques flashes, alors raconter à l’enfant des choses du quotidien. C’est normal de penser et de parler de son parent, qu’il soit vivant ou mort, ça n’a rien de morbide.

– Faire un album photo, annoté

– Faire une boîte à souvenirs

– Revenir dans les lieux où il a vécu avec cette personne

– Aider l’enfant à construire ses souvenirs : les entretenir, fabriquer un recueil de souvenirs écrits, pour qu’ils restent. Le faire tout de suite, le faire faire par l’entourage du défunt, (au moins 25 personnes), qui couchent par écrit leur souvenir de cette personne. En effet 2/3/7 ans de vie commune ne suffisent pas pour avoir des souvenirs. Raconter des détails de notre connaissance de la personne, des anecdotes, sans la mettre sur un piédestal, raconter les jours après la mort, les articles de journaux par ex. S’il est trop petit pour tout comprendre, il sera assez grand par la suite pour les lire. Ce recueil est une banque de données précieuse pour chaque enfant. Cela se complète d’un album photo.

 

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